Qu’il soit clairement dit : l’ETP a pour visée le changement, un changement pour un état de santé plus favorable. Il convient, dès lors, de repérer ce qui peut faire obstacle au changement ; d’identifier les « facteurs de résistance », si l’on veut faire écho aux « facteurs de risque » classiquement invoqués en amont des maladies cardiovasculaires. Mais cela avec une différence majeure malgré tout : ces derniers sont égrenés dans une approche monoparamétrique de degrés (une pression artérielle, un poids corporel, un taux de cholestérol, etc., plus ou moins élevés), tandis que les résistances au changement s’inscrivent à la croisée de facteurs de nature différente.
Ces facteurs, en effet, concernent le sujet malade, mais aussi ses proches, les professionnels de santé, et enfin la société et son évolution dans le temps. Les plans seraient donc distincts, et ouverts du médical au social. Une seconde approche, cependant, s’inscrit à l’opposé d’une telle représentation : cessons d’énumérer à l’envi les facteurs de résistance, avec la menace du découragement, de divisions à l’intérieur de l’individu et de la communauté, de s’écarter de l’homme vivant, singulier, en oubliant son caractère unique et irremplaçable. Car, en fait, il n’y a qu’un facteur de résistance, qu’un seul : le réel même. Devrait donc s’imposer le constat que ce qui bloque, ce qui résiste, c’est le réel. Le Réel, c’est ce qui résiste, ce qui nous résiste, c’est ce qui ne fait même que résister.
« Rien de plus fragile que la faculté humaine d’admettre la réalité, d’accepter sans réserve l’impérieuse prérogative du réel », nous dit Edgar Morin. Demander à ce qu’un diagnostic éducatif s’inscrive en préalable au déploiement d’une ETP, alors que toute élaboration demande du temps, est bien une dénégation de la temporalité
Introduction
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) prennent une part croissante dans le système de santé, particulièrement à destination des usagers. Paradoxalement les inégalités sociales de santé peuvent être augmentées par l’utilisation des TIC alors que les inégalités territoriales d’accès aux soins pourraient être réduites. Préparée dans le cadre d’une thèse interdisciplinaire, cette communication présente l’état des connaissances sur les liens entre utilisation des TIC en santé et inégalités sociales et territoriales de santé (ISTS). Elle décrit aussi les interventions utilisant les TIC pour les usagers du système de santé (en France, Angleterre, Québec, Espagne) qui considèrent l’enjeu de l’équité, pour guider les décisions des pouvoirs publics.
Méthodes
Une revue de littérature depuis 2000 est conduite (Europe, Australie, Amérique du Nord). La lecture critique s’effectue selon deux axes d’analyse (typologie des liens entre ISTS et TIC et typologie d’interventions considérant l’équité). Dans le reste de la thèse, elle est complétée par une campagne d’entretiens qualitatifs semi-dirigés.
Résultats
Selon la littérature, des effets différenciés de l’utilisation des TIC en santé selon le statut socio-économique (SSE) des individus sont démontrés par rapport à l’accès matériel aux technologies, à leur utilisation et appropriation et aux connaissances et compétences en e-santé (littératie). Les TIC en santé réduisent potentiellement les inégalités territoriales d’accès.
Certaines interventions documentées (littérature ou entretiens) prennent en compte le SSE des personnes et quelques-unes visent expressément à ne pas renforcer les ISTS. Les objectifs, les outils et la prise en compte délibérée de l’équité en santé varient selon les interventions. Toutefois, leurs résultats sont rarement caractérisés.
Discussions
Peu de littérature existe sur les liens entre équité et utilisation des TIC en santé. La caractérisation des ISTS est difficile et varie. Ces liens doivent être mieux caractérisés et les modalités de prise en compte de l’équité dans ces interventions étudiées et testées.